Hommage aux héros du Bataclan : ne jamais oublier ceux qui ont fait face à la barbarie

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Le 13 novembre 2015, la France a été frappée au cœur. Au Bataclan, des dizaines d’innocents ont perdu la vie, et des centaines d’autres ont été marqués pour toujours.

L’hommage aux victimes est indispensable et restera toujours le premier devoir de la Nation : se souvenir de chacun de ces destins brisés, de ces vies fauchées en une soirée qui devait être un moment de joie et de musique.

Mais il existe une autre mémoire, tout aussi essentielle et pourtant trop souvent reléguée au second plan : celle des héros. Ceux qui, ce soir-là, ont fait face à l’indicible. Ceux qui ont essayé de sauver, protéger, secourir. Ceux qui ont risqué — et parfois sacrifié — leur propre vie. Dans l’ombre de l’hommage national, leur courage mérite d’être nommé, reconnu, honoré.

Des héros ordinaires dans une nuit d’enfer

Lorsque les terroristes ont ouvert le feu dans la salle de spectacle, la panique aurait pu tout emporter. Pourtant, entre les cris et le chaos, une autre réalité est apparue : celle de la solidarité, de la dignité humaine poussée jusqu’à son sommet.

Certains spectateurs ont couvert de leur corps des personnes inconnues. D’autres ont pratiqué les premiers secours sous la menace directe des armes. Des employés du Bataclan ont guidé des dizaines de personnes vers des issues dérobées. Des riverains ont ouvert leurs portes, transformant leur appartement en refuge improvisé.

La fraternité française ne s’est jamais aussi clairement manifestée que dans ces instants où chacun aurait pu penser à fuir seul, mais où beaucoup ont choisi de rester pour aider.

Les forces de l’ordre : l’honneur de servir

Les premières minutes ont vu l’arrivée déterminée de la BAC de nuit, qui a fait preuve d’un courage exceptionnel. Puis sont intervenues les unités d’élite : BRI, RAID. Elles ont pénétré dans la salle, sachant qu’elles affrontaient des hommes prêts à mourir en tuant le plus possible. Ce n’est pas seulement du professionnalisme. C’est un engagement, un choix conscient de se tenir debout face à la violence. Certains policiers et gendarmes en portent encore les blessures. D’autres ont payé le prix de leur engagement par une vie brisée, parfois à jamais diminuée physiquement. Ces femmes et ces hommes ne voulaient pas être des héros. Ils ont simplement été fidèles à ce qu’implique leur serment : protéger au péril de leur vie.

Hommage et justice : ne pas oublier les héros

Il est essentiel de rendre hommage aux victimes. Mais il serait injuste — et dangereux pour la mémoire collective — de laisser dans l’ombre ceux qui ont résisté. Une société qui honore ses héros transmet un message clair : le courage compte, le sacrifice compte, la défense de la vie humaine compte. Nous devons dire leurs noms quand ils acceptent de les rendre publics.

Nous devons raconter leurs gestes. Nous devons reconnaître qu’au Bataclan, dans la nuit la plus sombre, des milliers d’actes lumineux ont existé. Ignorer les héros reviendrait à laisser la barbarie occuper tout l’espace de notre mémoire. Les mettre à l’honneur, au contraire, c’est rappeler que le mal n’a jamais eu le dernier mot.

Avec Arnaud Beltrame : un même courage, une même fidélité au devoir

Arnaud Beltrame n’était pas au Bataclan. Mais son geste, son esprit, son engagement appartiennent à la même famille : celle des femmes et des hommes qui se tiennent debout quand d’autres s’effondrent. Comme les policiers du Bataclan, Arnaud Beltrame a accepté de s’exposer pour protéger une vie innocente. Comme eux, il a avancé vers le danger, volontairement, lucidement. Comme eux, il incarne la France du courage, de l’honneur, de la fidélité au devoir.

C’est pourquoi le souvenir du Bataclan trouve naturellement sa place sur ce blog parce que ce site rend hommage à un héros français, et qu’il serait incomplet sans rappeler ceux qui, avant lui, ont fait preuve de la même grandeur d’âme.

Pour que jamais la France n’oublie

Les victimes méritent notre prière, notre respect, notre silence recueilli. Les héros méritent notre reconnaissance, notre voix, notre gratitude. Souvenons-nous des uns et des autres — non pas pour raviver la douleur, mais pour éclairer le présent.

Car c’est en honorant les héros du Bataclan que nous continuons d’affirmer ce que la France porte de meilleur : le courage, la fraternité, et l’amour de la vie.

Pour aller plus loin : quelques héros du Bataclan

Pour ceux qui souhaitent approfondir, il est essentiel de rappeler quelques-uns des visages et des actes héroïques parmi les intervenants lors de l’attaque du Bataclan. Même si tous ne sont pas publiquement identifiables ou décorés, des témoignages et des articles rendent hommage à leur courage.

  • Commissaire Christophe Molmy : chef de la colonne de la BRI lors de l’assaut final. Selon les récits, il a donné l’ordre d’avancer « mètre par mètre », priorisant la libération des otages.  
  • Jey (BRI) : ce policier, chef de groupe dans la colonne “Alpha”, a franchi l’escalier menant au balcon du Bataclan, et a aidé à ouvrir la porte battante qui retenait des otages.  
  • Bobby (BRI) : dans cette même colonne, il portait le bouclier “Ramsès” (bouclier blindé extrêmement lourd), a tiré sous le feu et a lancé des grenades pour déstabiliser les terroristes. Grâce à son action, les otages ont pu être évacués en chaîne humaine.  
  • “Alain” (BRI) : ce policier d’élite a raconté son expérience dans un témoignage publié, expliquant qu’il progressait sous les tirs, blindé, en protégeant ses collègues et les otages, et qu’il a vu des corps dès l’entrée.
  • Commissaire Arnaud Beldon : Présent au Bataclan, blessé par balle (paraplégique depuis) pendant l’attaque.  Il a été décoré chevalier de la Légion d’honneur pour son courage.    
  • Policiers de la BAC 75N : plusieurs “bacqueux” sont parmi les premiers intervenants. Selon des reconstitutions, des policiers de cette brigade ont été les premiers à pénétrer dans le Bataclan, bien avant l’arrivée des unités d’élite, tirant sur des assaillants en situation désavantagée.  
  • Les hommes de la BRI dans leur ensemble : leur colonne d’assaut progressait derrière le bouclier “Ramsès”, qui a encaissé 27 impacts de balles selon la BRI, sans fléchir.
  • Policiers des colonnes Alpha et Bravo : Emmanuel Macron a annoncé (à l’occasion du 10ᵉ anniversaire du 13-Novembre) que des policiers de la BRI qui avaient neutralisé des assaillants dans ces colonnes seraient décorés de la Légion d’honneur. Ces décorations témoignent d’une reconnaissance officielle de leur courage « en témoignage de la reconnaissance particulière de la Nation ».   
  • Certains agents d’élite sont parfois décrits comme des “héros modestes” : dans des entretiens, ils insistent sur le fait qu’ils “faisaient leur travail”, parfois en désobéissant, même si ce travail impliquait des risques extrêmes et ne mérite pas moins d´être mentionnés dans cet article d’hommage.  
Guillaume Cardy, héros anonyme du Bataclan devenu patron du RAID

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