Arnaud Beltrame: victime et héros, grande confusion
C’est le titre d’un court billet d’humeur de Anne Rosencher, directrice adjointe de l’Express sur France Inter. Ce billet date du 14 mars 2024 alors que nous nous approchons du 6ème anniversaire du décès du colonel Beltrame. Elle évoque une plaque du « jardin Beltrame » à Paris, dans le 3ème arrondissement inaugurée en 2018. Cette plaque faisait mention d’Arnaud Beltrame comme « victime de son héroisme ». Oui Arnaud Beltrame est un héros. Oui Arnaud Beltrame est une victime. Mais comment pourrait-il être victime de son héroïsme?
A l’époque de nombreux hommes politiques s’étaient insurgés et avaient pris à parti la mairie de Paris. La famille était d’abord restée discrète. Puis avec beaucoup de modération, le frère du colonel Arnaud Beltrame avait indiqué d’autres formulations possibles, relatées dans le Figaro en 2020.
Le texte a été en premier lieu rédigé par la direction des affaires culturelles, mais aurait ensuite fait l’objet de modifications pour respecter les volontés des proches du gendarme. Joint par Le Figaro, Cédric Beltrame, frère d’Arnaud, «ne se souvient pas», en tout cas, avoir été sollicité et pense que sa mère «a découvert le libellé sur place». Il aimerait pour sa part nommer les choses clairement: «ce serait mieux d’avoir «Mort en combattant le terrorisme islamique» ou «Victime du terrorisme islamique»», souligne-t-il. La mairie, qui précise que la famille a à nouveau été contactée ce lundi, se dit prête à modifier la formulation.
Le Figaro du 12 octobre 2020
Depuis, la plaque a été modifiée et fait état d’Arnaud Beltrame « Mort en héros dans l’accomplissement de son devoir face au terrorisme islamiste«
Dans son billet, Anne Rosencher évoque une époque qui « sacralise la victime et met le héros sous surveillance ». Elle déplore la confusion entre les figures de la victime et du héros, sans rien vouloir enlever au statut des victimes. Elle cite deux ouvrages qui creusent le sujet, notamment celui de Pascal Bruckner. Il s’agit d’un essai récent publié aux Editions Grasset : « Je souffre donc je suis. Portrait de la victime en héros«
Elle observe que la valeur du courage est parfois malheureusement aujourd’hui vue comme « toxique et dominatrice ». Elle met en garde les auditeurs à ne pas tout mélanger et rappelle : « Le courage est une vertu cardinale, sans doute la plus importante de toutes« . Merci Anne Rosencher pour ce billet qui rappelle le courage et l’héroïsme du colonel Beltrame. Il s’est dressé face au terrorisme pour sauver une vie, au risque de perdre la sienne. Nous ne l’oublions pas.
Liste de tous les lieux qui honorent la mémoire du Colonel Arnaud Beltrame : Lieux et promotions à sa mémoire
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