Hommage solennel à Arnaud Beltrame à Bry-sur-Marne

Bry-sur-Marne, le 27 mai 2025 — Sept ans après l’attentat de Trèbes, le nom du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame continue de résonner dans le cœur des Français. Ce mardi, la ville de Bry-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, a célébré la mémoire de ce héros national en inaugurant une superbe statue en bronze à son effigie, érigée sur un rond-point à proximité des écoles du quartier.
L’événement s’est déroulé en présence de nombreuses autorités civiles et militaires, et a rassemblé une foule émue et recueillie. Des dizaines d’enfants, porteurs de drapeaux tricolores, ont donné à cette cérémonie un souffle d’espoir. Certains ont récité des poèmes, d’autres ont simplement agité leur drapeau français, comme un hommage pur et spontané à un homme tombé pour la France.
Le maire de la commune, Charles Aslangul, également président délégué du Département du Val-de-Marne et avocat, est à l’initiative de cette installation. Dans un discours empreint d’émotion et de fermeté, il a salué la mémoire d’un « homme dont le sacrifice force l’admiration de la Nation » et rappelé la nécessité de transmettre « le sens du devoir, du courage et du patriotisme » aux générations futures.
Aux côtés du maire, plusieurs voix se sont élevées pour honorer la mémoire du lieutenant-colonel. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a prononcé une allocution marquante, insistant sur « l’exemplarité d’un engagement total », tandis que Me Thibault de Montbrial, avocat de la famille Beltrame, a rappelé avec gravité que son client « n’a pas seulement accepté la mort, il s’est battu. Son sacrifice a permis l’élimination du terroriste. »
Le directeur général de la Gendarmerie nationale, Hubert Bonneau, également présent, a salué la mémoire d’un frère d’armes dont le nom « restera à jamais gravé dans l’histoire de notre institution ».
L’événement a également été marqué par la présence de Nicolle, Damien et Olivia Beltrame, la mère, le frère et la nièce de l’officier. Étaient également présents à cette inauguration Étienne Stoskopf, préfet du département, ainsi que plusieurs élus.
De nombreuses troupes étaient représentées par des délégations du 1er groupement de l’Académie militaire de la Gendarmerie nationale (AMGN), d’une délégation du Groupement blindé de gendarmerie mobile (GBGM) et de gardes républicains, deux subdivisions au sein desquelles le colonel Beltrame avait servi, de légionnaires, de sapeurs-pompiers de Paris, de jeunes du Service national universel (SNU) ainsi que de représentants d’associations patriotiques.
Cette commémoration prend place dans un contexte où la mémoire nationale autour d’Arnaud Beltrame reste vivace. Depuis 2018, environ 500 communes en France ont choisi de donner son nom à des lieux publics, un phénomène sans précédent depuis la Libération. En mars dernier, plusieurs lieux avaient été baptisés au nom du héros à l’occasion du 7ème anniversaire de sa mort héroïque.
En érigeant cette statue, la ville de Bry-sur-Marne affirme sa volonté de maintenir vivantes les valeurs que symbolise Arnaud Beltrame : le don de soi, la bravoure et l’amour de la patrie. Un message fort, transmis ce jour-là par les regards des enfants, les mots des officiels, et le bronze silencieux d’un homme debout pour l’éternité.
Pour aller plus loin
Discours du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau
Discours de Charles Aslangul, maire de Bry-sur-Marne
Discours du directeur général de la Gendarmerie nationale, Hubert Bonneau
Discours de l’avocat de la famille, Maître Thibault de Montbrial
Poème rédigé par les écoliers de Bry-sur-Marne
Discours du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau

Il y a 7 ans donc le 23 mars 2018 le colonel Arnaud Beltrame mourrait de la main d’un terroriste islamiste. Il y a 7 ans un lâche prenait trois vies et un officier donnait la sienne. « Prends-moi à sa place » : ces mots lancés comme une supplique à la barbarie islamique. Ces mots encore aujourd’hui nous transpercent le cœur mais sans que nous puissions percer le secret qui les rendirent possibles. Car il y a dans le geste d’Arnaud Beltrame bien plus qu’un acte admirable. Il y a un mystère ; un mystère insondable : le mystère du sacrifice. Quelles forces invisibles furent à l’œuvre dans la vie d’Arnaud Beltrame pour faire jaillir ce don sublime ? Ces forces, elles se découvrent dans les fils qui ont tissé la trame, toute la trame de son existence ; des fils tendus par une même exigence : « tirer vers le haut ».
« Tirer vers le haut », des mots que répètent tus ceux qui l’ont connu […] Tous nous disent qu’Arnaud Beltrame était habité d’une volonté inflexible, pour tirer ses frères d’armes vers le haut, pour qu’ils puissent accrocher leur regard à la plus haute des étoiles, pour qu’ils puissent accrocher ce regard, de façon si élevée, dans le ciel. Tous avaient faits un serment, le serment d’apprendre, le serment de s’élever, pour servir et commander. C’était la promesse des chefs. C’était le devoir des officiers.
Arnaud Beltrame en était un et il arpenta sans hésiter les sentiers de l’adversité. Ils l’emmenèrent loin, jusqu’en Irak où il fut engagé en 2005 comme le chef du détachement gendarmerie, et il y laissa le souvenir profond d’un homme prêt à tout pour remplir son devoir, jusqu’à y consacrer sa vie, sans regret, mais avec gravité, parce qu’elle était celle du gardien des choses sacrées.
Oui tout ce qu’en croit croyait Arnaud Beltrame lui commandait de voir en toute vie humaine un trésor, un trésor inestimable, dans lequel tout devait être sacrifié. L’existence d’Arnaud Beltrame n’était pas seulement une exigence. Elle s’organisait tout entière autour d’une transcendance : aguerrir son corps, affermir son esprit pour être prêt. Prêt lorsque le moment viendrait, si jamais celui-ci devait venir, un jour. Prêt à avancer quand tout porterait à reculer. Prêt à faire le sacrifice ultime pour sauver l’essentiel. L’essentiel c’était bien évidemment la vie des hommes, c’était aussi la vie d’un peuple, d’une nation, la sienne, la nôtre.
Protéger les Français et servir la France. C’était ce feu qui brulait au plus profond de lui et qu’il s’était fait le serment, justement, de conserver. Oui, Arnaud Beltrame savait qu’il était le dépositaire d’une étincelle dont peuvent jaillir les plus grands feux. Ces feux qui tant de fois dans notre Histoire ont éclairés le courage des hommes quand tout semblait consumé. Ce feu qui brillait dans le regard de Jeanne devant Orléans […] Ce feu qui poussa Arnaud Beltrame à ne pas reculer, à avancer, face au terrorisme islamiste. En prenant la place d’un otage, il illumina les ténèbres et la flamme qui l’animait ne s’est pas éteinte avec lui. Elle nous a été transmise, ravivée de son exemple et elle nous réchauffe d’une nouvelle espérance. C’est l’espérance du bien. Malraux écrit que le sacrifice était le seul domaine aussi fort que celui du mal. Et ce jour-là, Arnaud Beltrame a donné une puissance concrète à cette vérité. Au mal radical, il a opposé la radicalité du bien. A la barbarie d’un homme, il a opposé la bonté d’une âme ; une âme assoiffée mais non desséchée ; une âme habitée et non pas désertée ; habitée par la foi en l’homme et par ce que nous sommes.
A l’heure de sa mort, un officier français nous a dit de ne jamais, jamais, désespérer de la France. Que même fragilisée, que même fracturée, que même blessée, notre Nation est toujours capable d’enfanter des héros. Que ces héros peuvent être autour de nous, ils peuvent être chacun de nous. Car ce n’est pas la mort qui fait le héros, c’est la vie qui leur en donne l’occasion.
Madame, Monsieur, votre fils et votre frère étaient déjà un héros de son vivant, comme le sont nos gendarmes, policiers, sapeur-pompiers. Face à une France qui s’ensauvage, ils opposent la France qui s’engage. Face aux assauts du chacun pour soi, ils sont le rempart du don de soi. Et par la force de l’engagement, la pureté de leur dévouement, ils empêchent que la France ne se défasse. […] Arnaud Beltrame s’est sacrifié parce qu’il croyait qu’une vie ne se termine jamais vraiment, qu’elle continue à résonner dans l’éternité. Il croyait que le sens de l’existence, c’est d’aimer, c’est de donner. Il aimait son prochain oui, et il aimait sa patrie. Alors il a donné sa vie et ce don est pour nous une leçon. En opposant la beauté de l’acte à l’absolu nihilisme, il nous a enseigné que nos cœurs n’étaient pas vides, que le relativisme, le consumérisme ne constituent pas la fin de notre Histoire, que nous n’étions pas condamnés à laisser l’islamisme écrire à notre place un récit qui n’est pas le nôtre.
En fin de compte, Arnaud Beltrame nous a rappelé que les conditions d‘existence d’un peuple ne sont pas seulement matérielles, mais qu’elles sont aussi et surtout immatérielles.
A l’heure où se dévoile la menace que font peser nos ennemis sur notre démocratie, sur nos institutions, il est urgent de nous inspirer de l’exemple du colonel Arnaud Beltrame et de croire en nous, de croire en notre Nation, de croire en la France et de renouer le fil de notre Histoire, de retisser ces liens invisibles de notre fraternité que sont le sentiment national, la transmission de notre culture et la fierté d’appartenir à une grande nation.
C’est cette espérance française que nous rappellera cette statue, de ce héros que nous inaugurons en ce jour. Elle rappellera à tous ceux qui pour la voir devront relever la tête pour rester droits et forts dans la tempête. Et de là où il est, Arnaud Beltrame aura la joie du devoir accompli, la joie de celui qui s’était imposé toute sa vie de « tirer les autres vers le haut »
Vive le colonel Arnaud Beltrame, vie la gendarmerie, vive la République, vive la France !
Discours de Charles Aslangul, maire de Bry-sur-Marne
Impressionnante assemblée ! Réunie dans une ville de 18 000 habitants aux portes de Paris, une petite ville paisible au clocher et maisons sages. Pourtant, dans ce petit bout de France anonyme, tous nous voici. Ce paradoxe montre l’importance dans l’inconscient national de la personne que nous honorons. Laissez-moi vous en conter la genèse pour ensuite vous en livrer les raisons.
Comment nous est venu l’idée d’une statue ? Ici-même sur ce rond-point se trouvait une haie de bambous peu gracieuse affublée de deux grosses fourmis chapeautées en tôle qui n’étaient pas des plus heureuses. Décision a été prise de tout revoir pour continuer d’embellir la ville à notre habitude. En parallèle, et sans rapport au départ, avec les élus nous nous étions promis de rendre hommage à Arnaud BELTRAME. En cherchant quelle forme pouvait revêtir cet hommage nous sommes tombés sur la si belle statue érigée à Saint-Cyr l’école. On s’est demandés, pourquoi une statue ? Pourquoi pas ? Après tout baptiser une école du nom de Beltrame est aussi fort qu’une statue et réciproquement. Et puis, deux grosses fourmis chapeautées en tôle sont-elles plus légitimes qu’un héros national pour occuper notre espace public ? Nous vivons une drôle d’époque où, pour certains, déboulonner des statues est plus honorable qu’en ériger. Nous revendiquons la liberté de penser que la France enfante encore des héros méritant d’être statufiés. Enfin, et plus prosaïquement, notre choix s’est porté sur une statue pour la beauté esthétique de l’œuvre qui permettait d’embellir le site tout en rendant hommage à Arnaud BELTRAME. Et cela faisait sens ici, à la croisée des écoles, devant la chapelle, à l’entrée des colonnades du square De LATTRE DE TASSIGNY cher Bruno RETAILLEAU. Cet illustre vendéen qui a lui aussi été l’honneur et l’orgueil de la Nation en son temps. L’esprit de ces deux illustres, breton et vendéen, se côtoiera désormais ici à Bry-sur-Marne.
Saluons ensemble le travail remarquable de l’artiste, Jean-Baptiste SECKLER, qui est parvenu à donner vie au bronze pour donner corps à un hommage qui s’inscrira dans les siècles grâce à ce métal impérissable. La statue a été travaillée avec la famille pour approcher au plus vrai. Le résultat est époustouflant de beauté, de force tranquille et d’élégance. Bravo Monsieur SECKLER !
Nous avons décidé d’entourer la statue de végétaux qui, au gré des saisons, feront jaillir le bleu, le blanc et le rouge de l’emblème national si cher au Colonel Beltrame agrémenté d’hortensias, cette plante si bretonne en écho à ses racines armoricaines, lui qui était tant attaché à sa terre.
Je profite de ce propos liminaire pour remercier les agents municipaux pour leur beau travail et les 25 mécènes qui ont permis cette belle réalisation. Petits commerçants Bryards ou plus grandes entreprises, à la simple évocation de l’homme ainsi statufié, vous avez donné sans réfléchir. Du fond du cœur merci à vous.
Monsieur le Ministre de l’Intérieur, votre présence montre l’importance de l’homme honoré. Tout comme celle de vous autres les militaires qui avez décidé de venir en masse pour honorer votre frère d’armes tombé au combat, en héros. Il en va de même avec les près d’un demi-millier de communes qui lui ont déjà rendu hommage en baptisant des rues, casernes, écoles, collèges, lycées, places, squares, parcs et jardins. Autant d’hommages pour un homme en si peu de temps, c’est un fait inédit depuis la seconde guerre mondiale.
Alors, après l’hommage de la patrie rendu aux Invalides le 28 mars 2018 par le Président de la République et à la suite de si nombreuses villes, ces petites patries, Bry-sur-Marne s’honore de rejoindre ce chapelet d’hommages. C’est justice, et le moment vient de vous en livrer les raisons :
« Lâche la petite dame, elle n’a rien fait, prends-moi je représente l’État ! ».
Le 23 mars 2018, en milieu de journée, le cœur de la Nation toute entière se serrait en apprenant la survenue d’une nouvelle attaque terroriste sur le sol de France faisant 3 victimes froidement abattues, une quinzaine de blessés et, stupeur, une prise en otage d’un gradé de la Gendarmerie qui s’était volontairement substitué à une femme innocente jusqu’alors retenue par l’islamiste, nous l’apprendrons plus tard, affilié à Daesh.
Dans les heures qui suivirent, nous apprîmes qu’un choc décisif s’était déroulé dans le huis-clos d’une petite salle du magasin à l’issue duquel le terroriste était abattu et le gendarme transporté en urgence absolue à l’hôpital. Alors, le cœur de la Nation toute entière se serrait plus encore et, chacun, nous retenions notre souffle dans l’espoir que celui qui avait posé cet acte ultime de bravoure survivrait.
Au petit matin, nous apprenions que la mort l’avait emporté en ayant la consolation, mince mais bouleversante, de partir aux côtés de son épouse Marielle et en présence du père Jean-Baptiste qui les préparait au mariage. Alors, le cœur serré de la Nation toute entière se remit à battre, à battre à tout rompre, à battre de stupeur mais aussi d’admiration. Admiration pour celui qui a eu la force d’âme inouïe de se faire otage pour libérer une femme inconnue, de ne pas courber l’échine et, enfin, d’engager une lutte, à mort, pour nous protéger et, ce faisant, rester fidèle à son idéal jusqu’à l’extrême limite de ses forces d’homme.
Il était entré comme soldat d’élite valeureux dans cette petite salle, il en est ressorti comme héros de la Nation dont la France découvrait l’existence : Arnaud BELTRAME.
Arnaud BELTRAME. Ce nom se posa sur toutes nos lèvres, nous qui le prononcions pour la première fois et ainsi, en quelques heures à peine, de lèvres en lèvres la rumeur de son nom murmuré parcourut la France entière, des métropoles aux villages, des campagnes aux montagnes, des plaines aux littoraux. Et par-delà même les frontières nationales, voici que le monde entier susurrait son nom. Arnaud BELTRAME.
Le peuple de France ne s’y est pas trompé, il a tout de suite reconnu en Arnaud BELTRAME un fils de France mort pour le service de sa cause dans des conditions stupéfiantes, d’une radicale et insondable beauté, qui le hissaient sur le champ au panthéon des grands de la Nation.
« Lâche la petite Dame, elle n’a rien fait, prends-moi je représente l’Etat ! ». Arnaud BELTRAME devait se marier religieusement trois mois plus tard avec la femme de sa vie. Pourtant, il a eu le courage vertigineux de prononcer ces mots pour sauver une inconnue avant de livrer l’ultime assaut.
« On ne voit bien qu’avec le cœur » disait le renard du Petit Prince sous la plume de Saint-Exupéry. Madame NICOLIC-BELTRAME, votre fils, Arnaud BELTRAME, votre « petit prince » comme vous le surnommiez affectueusement, a su voir, le 23 mars 2018 à Trèbes, avec son cœur.
Son cœur de soldat, son cœur de serviteur de la Nation, son cœur de patriote et d’homme d’honneur resté fidèle à son serment de servir la France et de nous protéger au péril de sa propre vie. A cette seconde, il n’était plus seulement votre « petit Prince » Madame, ou votre grand-frère Monsieur, à cette seconde il devenait l’espérance de tous les Français.
« L’espérance est le désespoir surmonté » selon Bernanos. Oui, face au désespoir qui pouvait nous affliger après tant et tant d’attaques terroristes, Arnaud BELTRAME est devenu le symbole de notre espérance. Celle de toujours voir se dresser des hommes de bien pour entraver la marche du mal. Car au fond, c’est de cela qu’il s’agissait, et qu’il s’agit toujours. Face à la menace islamiste qui veut renverser notre art de vivre civilisationnel, de façon violente ou insidieuse, ayons une lucidité totale et une détermination implacable.
Et ce n’est pas le seul danger. L’hyperviolence quotidienne et les faits divers se succèdent à un rythme effréné marquant un fait de société. En face, tous les jours, des femmes et des hommes de bien se battent. Je pense à toutes nos forces de sécurité intérieure et de secours. Vous êtes le bouclier de la Nation, soyez-en remercié. Mesdames, messieurs, je vous demande de les applaudir.
Arnaud BELTRAME a regardé le Mal dans les yeux et lui a opposé un geste bouleversant d’amour, un geste lumineux de don absolu de soi au service de plus grand que soi : l’idéal d’une civilisation qui a enfanté l’esprit chevaleresque et l’amour courtois auxquels il était si attaché, qui aime et protège les femmes innocentes, qui aime et protège les plus fragiles, qui aime et protège les gens honnêtes. Arnaud BELTRAME incarne au plus haut degré cette noblesse du soldat français.
C’est donc avec beaucoup d’émotion, que nous nous associons à l’hommage national rendu aux Invalides et aux centaines d’hommages communaux depuis lors. C’est justice. C’est justice et, j’en finirai par-là, et c’est le maire qui vous parle, cela doit tous nous rassembler. Tous.
Les valeurs patriotiques et humaines incarnées à leur paroxysme par Arnaud BELTRAME transcendent tout : opinions politiques, philosophiques, religieuses, origines, classes sociales, tous nous devons reconnaître en son geste la primauté absolue de l’amour du prochain contre la haine et l’absolue nécessité de ne jamais courber l’échine quand l’essentiel est en jeu.
Alors, cette statue incarnera la concorde nationale autour de ces valeurs qui rassemblent. Ainsi, dans notre belle ville de Bry-sur-Marne, de génération en génération, lorsque les petits écoliers du quartier passeront devant la statue, ils demanderont « Papa, Maman, qui est le monsieur en statue ? », et leurs parents de répondre : « il s’agit d’un héros français, un homme qui a été prêt à mourir pour faire triompher le Bien, assis-toi je vais te raconter son histoire ». Et voici que de génération en génération, nos enfants comprendront que le courage, le don de soi et la défense pour l’amour de la France sont des valeurs qui n’appartiennent pas au passé.
Qu’on peut toujours opposer le Bien au Mal et que notre pays regorge dans son Histoire, même récente, de grandes femmes et de grands hommes qui peuvent nous rendre fiers d’être Français. Français, selon Ernest Renan. Français non forcément par l’origine mais par le cœur, par l’adhésion à cette belle et fantastique épopée humaine dénommée France. Alors, le sacrifice ultime d’Arnaud BELTRAME ne sera pas vain.
Colonel Arnaud BELTRAME, sur ce rond-point depuis votre piédestal, vous qui nous saluez après avoir été jusqu’à mourir pour nous protéger, nous vous honorons, comme nous saluons tous vos frères d’armes tombés en service et ceux ici présents autour de vous, engagés à votre suite pour poursuivre le labeur.
HONNEUR ET RECONNAISSANCE AU COLONEL ARNAUD BELTRAME ! POUR QUE VIVE LA REPUBLIQUE ET VIVE LA FRANCE !
Discours du directeur général de la Gendarmerie nationale, Hubert Bonneau
J’ai rencontré le colonel Arnaud Beltrame il y a plus de 20 ans. Il était alors un jeune officier de gendarmerie et moi l’un de ses cadres instructeurs au sein de l’école des officiers de la gendarmerie à Melun. Issu de l’armée de terre, il avait choisi finalement le service quotidien, au plus près des Français. Je me souviens d’un jeune militaire à la fois rigoureux et idéaliste, déjà très exigeant avec lui-même, cherchant toujours à se dépasser. On devinait qu’il irait loin. Il ne faisait pas les choses à moitié. Sa vie il ne la concevait pas autrement que dans un engagement total.
Le 23 mars 2018 il est allé au bout de sa mission avec une bravoure que nous admirons. Il s’est porté face au danger, accomplissant son geste en pleine conscience, par un acte de volonté et de lucidité. Car oui il savait exactement le risque qu’il prenait pour lui-même. Mais à ses yeux, là n’était pas l’essentiel. L’essentiel, c’était de protéger la vie de l’otage, de neutraliser le terroriste et de rétablir l’ordre de la République. L’essentiel, c’était son devoir de soldat, de gendarme et de chef. Et c’est bien par devoir que notre camarade a consenti au sacrifice ultime, par devoir et fidélité à ses valeurs et à l’état militaire qu’il avait choisi d’embrasser dans sa jeunesse à l’âge de 22 ans. Par loyauté à son service et son serment de gendarme, protéger la population. Par loyauté à son engagement de soldat, être prêt à donner sa vie pour la patrie.
Nul ne peut être militaire sans esprit de sacrifice. Entre les deux, le lien est consubstantiel. C’est là notre vocation et ce qu’attend de nous notre pays. Cette exigence absolue avec laquelle nous vivons est inscrite dans la loi même : « l’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême ». Tels sont les mots explicites du code de la Défense. Par conséquent, être militaire, être gendarme, c’est se montrer capable de tout donner pour la mission, pour la population, pour la nation ; c’est l’accepter par avance et par principe.
Nous savons lorsque nous entrons dans la carrière et nous passons notre vie à nous y préparer. Cet état d’esprit est partagé par tous les gendarmes au service des Français. Régulièrement, des camarades donnent leurs vies pour la population, tels l’adjudant-chef Xavier Salou et du gendarme Nicolas Molinari tombés en nouvelle Calédonie il y a un an.
Il faut bien comprendre que cet esprit de sacrifice ne se révèle pas seulement dans des circonstances exceptionnelles mais se forgent dans toutes les actions du quotidien, humbles mais néanmoins nécessaires. Dans l’accomplissement de chaque mission, de chaque instant. C’est dans la fidélité aux petites choses qu’on se prépare aux grandes choses.
Être militaire c’est donc accepter la loi de perpétuels contraires comme l’écrivait le général de Gaulle. C’est sacrifier son temps personnel, être disponible à tout moment et faire passer la mission avant toute considération. C’est accepter les contraintes qui en résultent dans la vie privée et dans sa propre famille. C’est affronter la dureté et le caractère toujours imprévisible de la mission, la souffrance, parfois la mort. Être militaire c’est accepter la rusticité, parfois renoncer au confort.
Voilà le sens de notre métier, servir et protéger. Quelque en soit le prix, quelques en soient les circonstances. Cet engagement quotidien façonne notre résilience individuelle et collective, dès notre formation, comme tout au long de notre carrière. Ces suggestions, le colonel Beltrame les avait acceptées et les assumait. Il les vivait aussi avec conviction et intensité jusqu’à l’ultime don de soi. Le sens héroïque, sans nul doute le concevait-il comme une discipline.
Tel est à mes yeux le sens profond de son geste. Le courage ne vient jamais de nulle part. Il s’entretient et est une forme d’ascèse morale et physique. Oui l’état militaire est fait de devoirs. Voilà pourquoi ceux qui servent méritent le respect.
Plus de 500 communes et lieux publics rendent hommage au camarade et portent fièrement son nom. Ce soir la statue que nous inaugurons à Bry-sur-Marne marque à son tour notre reconnaissance. Celle de la population qu’il a protégé partout où il a servi.
En tant que militaires, nous ne pleurons pas nos morts, nous les honorons et nous les continuons. Ils nous appellent et nous inspirent. Leur exemple nous fortifie l’âme et nous guide dans les heures difficiles. Pour nous autres militaires, notre vie appartient à la France.
Grand soldat, héros de la gendarmerie nationale, le colonel Beltrame a vécu et est mort pour la France. Il n’y a pas de plus grand honneur. Vive la gendarmerie nationale ! Vive le colonel Beltrame !
Discours de l’avocat de la famille, Maître Thibault de Montbrial

« Le courage est une décision » – Le 23 mars 2018, lorsqu’il remonta la colonne de ses camarades gendarmes, sans doute, Arnaud Beltrame n’avait pas à l’esprit cette phrase de Winston Churchill.
« Vos gueules, les gars, je prends, je prends. » Le lieutenant-colonel Beltrame, numéro trois du groupement de l’Aude, venait de prendre les choses en main.
Nicole, Cédric, Damien, vous ne pouviez pas faire plus grande honneur à l’avocat, bien sûr, mais également à l’officier parachutiste et à l’officier de la réserve opérationnelle de la gendarmerie que je suis, de vous demander de porter votre voix et de porter aussi la voix d’Arnaud devant la Cour d’assises de Paris. C’est en ses qualités que je voudrais partager 2 observations, 2 remarques, sur le geste d’Arnaud.
La première qui est un point absolument crucial, c’est que contrairement à ce que beaucoup de personnes ont dit et disent parfois encore, le colonel Beltrame ne s’est pas sacrifié ! Le colonel Beltrame a commis un acte réfléchi, un acte combattant. Il est monté au combat en cette fin de matinée. Il a été, bien sûr, sauver Julie, l’otage. Mais avant tout et peut-être même plus que ça, il est allé faire son métier de soldat et combattre pour la France ce terroriste islamique qui venait d’envahir un supermarché à Trèbes après avoir semé la mort depuis le matin à Carcassonne.
Alors nous savons, nous avons des audios de ce qui s’est passé. Quand les négociateurs du GIGN appellent le terroriste, c’est Arnaud qui répond et on entend la chose suivante. L’opérateur du GIGN dit « Allô Radouane ? » Et c’est une voix sûre d’elle, tranquille, sereine qui lui répond. « Non, c’est le colonel Beltrame. Est-ce que vous savez qui je suis ? » Oui, camarade ! Oui, camarade, quand tu as dit ça, tout le monde a immédiatement compris que ce que tu étais, c’était cet officier d’élite ; c’était cet officier pétri par la foi, qui s’apprêtait à épouser Marielle ; c’était ce camarade de l’EPIGN qui allait devenir le GIGN ; c’était ce combattant en Irak ; c’était cet expert en krav maga ; et c’était cet officier chargé depuis un an de préparer les dispositifs anti-terroristes dans le département de l’Aude.
Alors l’autre chose, Mesdames et Messieurs, que nous savons. Nous le savons parce qu’une enquête judiciaire, une instruction, ça donne lieu à des expertises. Et notamment à des autopsies. Et nous savons parce que nous l’avons lu dans le rapport et nous l’avons fait préciser à cette audience publique par le médecin légiste. Mais tout le monde ne l’a pas assez entendu. C’est que non seulement Arnaud Beltrame a été au combat, mais qu’en plus Arnaud Beltrame a réussi sa mission. Tout le monde dit que le terroriste a été abattu par l’assaut de l’antenne du GIGN qui a tiré instantanément en rentrant dans la petite pièce 4 balles dans la tête du terroriste. Mais, pendant qu’Arnaud se vidait, perdait la vie avec 16 plaies à l’arme blanche qui mutilait son corps, Redouane Lakdim était en train de mourir. Il avait les poumons pleins de sang avec une balle qui avait traversé ses poumons en rentrant dans la poitrine et cette balle, Mesdames et Messieurs, elle a tué Lakdim car nous avons fait dire à l’expert que sans l’intervention des opérateurs du GIGN, Lakdim serait sans doute mort dans les 10 minutes suivantes.
Mesdames et Messieurs, Arnaud est un combattant et Arnaud a neutralisé la menace. Il a fait son devoir de soldat, il a fait son devoir de patriote, il a fait son devoir d’officier. Et c’était une chose qui était impérative, non pas seulement pour moi, mais aussi pour sa famille, de partager avec vous tous.
La 2e réflexion, c’est qu’Arnaud Beltrame est devenu, en entrant dans ce réduit de 7 mètres carrés de Trèbes, il est devenu à son tour un héros français, un héros de tragédie d’ailleurs. Unité de lieu, une petite pièce de 7 mètres carrés. Unité de temps 3 heures. Unité de personnes, un trio avec Julie, avec lui et avec un terroriste islamiste. Et bien plus largement, ce qu’a fait Arnaud Beltrame, c’est qu’il a posé l’acte fondateur symbolique de la riposte de la force physique de la République française à l’agression islamiste. Vous avez rendu hommage, Monsieur le Maire, au bouclier que représentent nos forces de sécurité intérieure, que Monsieur le Ministre, cher Bruno, vous défendez avec tant d’ardeur. Mais c’est même plus qu’un bouclier. Les forces de sécurité intérieure qu’incarnait Arnaud Beltrame ce jour-là, sont les fantassins, sont la première ligne, sont les primo intervenants, mais sont les femmes et les hommes qui font boucliers de leurs corps et de leurs armes quand vient le malheur, lorsque vient la violence, lorsque frappe les gens qui par leur idéologie veulent fracturer notre pays. C’est tout ça qu’est devenu Arnaud Beltrame par son geste.
Mesdames et Messieurs, un peuple, besoin de héros. Ma génération est sans doute la dernière qui a été élevée en apprenant à l’école la mémoire de Roland à Roncevaux, de Charles Martel à Poitiers, de Duguesclin à Brocéliande, de Bayard au Garigliano ou d’Albert Roche à Verdun. Une des voies de retour à la cohésion nationale dont nous avons tant besoin, c’est précisément de réapprendre à nos jeunes que la fierté d’être française passe par le fait de savoir voir, de savoir comprendre, de savoir glorifier des actes tels que celui du colonel Beltrame. Il y a un siècle à peu près Ernest Renan disait « La France est un héritage de gloires et de regrets ».
Colonel Beltrame, cher Arnaud, mon camarade, comme cette magnifique statue en témoigne, vous êtes désormais une figure de la Gloire. Vive la France !
Poème rédigé par les écoliers de Bry-sur-Marne
Du 18 avril 1973 au 24 mars 2018,
D’officier à Colonel,
D’inconnu à illustre,
Il était une fois un héros …
…
Grand,
Brillant,
Un modèle pour notre génération.
Réussite et émérite le rendirent commandeur de la Légion d’Honneur.
Courage et détermination le rendirent unique.
Major de promotion, héros de la Nation.
…
Que les couleurs de notre patrie,
Portées par le souffle de la Liberté
Façonne un avenir où la fraternité efface le venin du terrorisme sur notre mère la France.
Là ou d’autres auraient reculé,
Lui a avancé, comme ceux qui sont tombés au champ d’Honneur,
Il lui a suffi de penser à la France,
Pour savoir ce qu’était l’espérance.
Son souvenir restera à jamais gravé dans nos mémoires,
De Moulin à Delestraint !
De Tassigny à Beltrame !
A jamais dans nos âmes !
Références de presse
BFMTV – Bry-sur-Marne: cérémonie d’hommage à Arnaud Beltrame en présence de Bruno Retailleau
Site de la mairie de Bry-sur-Marne: Inauguration de la statue du Colonel Arnaud Beltrame