Plaidoiries admirables des avocats de la famille Beltrame au procès des attentats

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Salle audience Cour Assise Paris

Le 16 février 2024, au 20ème jour du procès des attentats de Carcassone et Trèbes, une semaine avant le verdict, les avocats des parties civiles ont plaidé devant la cour d’Assise de Paris.

Vous pouvez retrouver le détail du procès sur le LIVE du site de l’Indépendant. Nous vous présentons ici plus précisement des extraits des plaidoiries des avocats de la famille Beltrame, par Maître Montfort et Maître de Montbrial.

Maître Montfort, avocat de Marielle Beltrame

Maître Montfort rappelle que l’attentat est survenu peu avant le mariage de Arnaud et Marielle Beltrame et qu’elle est « une jeune mariée qu’on dépossède de son époux

Il évoque ensuite son choix d’absence pudique au procès: « Le silence c’est le choix de Marielle. Il peut être aussi évocateur que des larmes, mais il protège aussi ce qui lui reste de lui. Au-delà du nom Beltrame, il y a le prénom Arnaud. Le corollaire de ce silence c’est l’absence, une absence pudique, pour laisser la place aux autres familles, qui ont aussi leur héros du quotidien. Elle aurait pu être présente pour lui rendre hommage, elle le fait tous les jours. Elle aurait pu être présente pour le faire apparaître au quotidien, mais tout ce que vous ne dites pas vous appartient alors elle le garde. Elle préserve un couple qui reste uni au-delà des faits.»

Dans ses prises de paroles, Marielle Beltrame avait à plusieurs reprises indiqué que le geste d’Arnaud Beltrame était celui d’un « gendarme et chrétien« . Me Montfort rappelle pour sa part son geste en ces termes: « un geste individuel, mais en fait plus collectif. C’est nous tous face au terroriste. Arnaud le gendarme qui protège un civil nous défend tous. Toute sa vie pour toutes les nôtres. Pour Marielle, ce n’est pas un échange, pas un sacrifice, c’est l’expression de la personnalité d’Arnaud»

La plaidorie évoque ensuite l’appel d’Arnaud Beltrame alors que la substitution avait eu lieu : « Dans toute cette agitation il y a un appel à 14 h 08. Arnaud appelle Marielle. Il appelle sa femme, celle qu’il aime. Avant son intervention et la lutte qu’il va engager contre le terrorisme. C’est un appel qui n’aboutit pas, le téléphone de Marielle est éteint. Que lui aurait-il dit ? Je crois le savoir, je peux me tromper. Que pense-t-elle d’avoir raté cet appel ? Je ne sais pas et je ne l’imagine pas. Quand on partage les valeurs, elles permettent d’avancer avec le poids des faits, avec le vide et l’absence. Puis Marielle écrit une lettre à Julie, quelques mots apaisants. Si Arnaud lui a promis de toujours être prudent il lui a promis de toujours faire son possible pour protéger les civils. Marielle est décrite comme un ange par Julie, un modèle de douceur et de courage. Elle ne souhaite pas savoir pourquoi ça dure autant de temps entre l’appel à l’assaut et l’assaut. Elle sait qu’Arnaud souhaite donner le meilleur de lui. Elle sait qu’il souhaite la rendre heureuse, elle sait l’essentiel. Elle continue chaque jour sa vie, face à leurs projets à deux.»

Maître Montfort rapporte en conclusion ces mots admirables de Marielle Beltrame à l’attention des accusés qui révèle son immense empathie et sa grande espérance : « Je souhaite une prise de conscience, qu’ils puissent être soutenus comme moi j’ai pu l’être. Il y a du bon en chacun de nous. Les erreurs ne sont pas à blâmer, elles existent pour être corrigées».

Maître de Montbrial, avocat de Nicolle, Damien et Cédric Beltrame

LP/Philippe Lavieille

Me de Montbrial est un spécialiste reconnu de l’islamisme et du terrorisme en France. Arnaud Beltrame avait lui même compris le danger pour notre pays de cette idéologie mortifère qui gangrène le pays et s’attendait d’ailleurs spécifiquement à un attentat dans un grand magasin.

Me de Montbrial commence par rappeler ce fait de société et dénonce d’emblée la théorie du loup solitaire : « Les terroristes ne peuvent pas agir sans l’aide du deuxième cercle. Nous sommes 6 ans après les faits qui nous occupent, presque 10 ans après ceux du 13 novembre et l’islamisme est en progression. Vous jugez, procès après procès, et paradoxalement en dehors de la salle d’audience cette idéologie a pignon sur rue.»

Comme l’ont souvent précisé la maman et les frères d’Arnaud Beltrame, il réfute aussi l’idée du sacrifice d’Arnaud Beltrame pour rappeler qu’il s’est substitué à l’otage Julie avec la volonté de l’emporter et qu’il est mort en combattant: « Nous pourrions disserter à l’infini sur le geste d’Arnaud Beltrame. Arnaud Beltrame ne s’est pas sacrifié. C’est une facilité de langage qu’on comprend mais ce qui l’a mû, a déterminé à avancer c’est sans doute et tout le montre, sa certitude qu’il allait prendre le dessus. Il allait entrer dans un combat dont il allait sortir vainqueur. Il dit « vous savez qui je suis », le négociateur répond « oui ». On peut penser que c’est un dialogue anodin. Mais ça veut dire « je sais que tu es un gendarme, que tu as fait partie de l’escadron des parachutistes de la gendarmerie, que tu es allé en Irak, expert en Krav-Maga, que tu connais le terrorisme, le djihadisme, ton ennemi » C’est ça qu’on a en 4 mots. Combat il va y avoir. Il va y avoir 12 minutes, desquelles en dépit de l’audio terrible nous avons assez peu de choses. Mais il s’est battu comme un lion et ne s’est pas sacrifié

La grande inconnue des derniers moments et que le procès n’a pas forcément éclairé sont ces 10 longues minutes entre l’ordre d’assaut et l’entrée du GIGN dans la salle. C’est une des questions que Nicolle soulève dans son livre « C’était mon fils« . Me de Montbrial l’évoque aussi dans sa plaidoirie : « Le dernier acte de la tragédie c’est le dernier ordre, cet assaut dont nous savons qu’il a été crié deux fois au début, répété à deux reprises, avec une faiblesse croissante.»

Il conclue enfin en rappelant la grandeur de l’acte d’Arnaud Beltrame : « Arnaud Beltrame n’est pas allé au combat par gloriole mais parce qu’il a prêté serment de défendre la population française, le drapeau. Et c’est ce qu’il a fait le 23 mars. N’oublions jamais Arnaud Beltrame, il est l’honneur de la France

La plaidoirie intégrale est disponible sur ce site: Plaidoirie de partie civile de Thibault de MONTBRIAL pour la famille BELTRAME

Arnaud Beltrame

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